
Depuis septembre 2025, les smartphones sont interdits en usage récréatif dans toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la maternelle à la rhéto. Trois mois plus tard, le bilan est positif et encourageant.
Un gain estimé à une année scolaire complète
Selon une chercheuse de l'ULiège, les élèves auraient gagné l'équivalent d'une année scolaire complète en temps d'apprentissage effectif.
Les autres effets positifs ne se font pas attendre : élèves plus attentifs en classe, diminution du harcèlement, retour aux interactions réelles dans les cours de récréation.
La mesure gouvernementale, que le groupe MR a soutenu dès le départ, a clairement atteint ses objectifs : améliorer la concentration et lutter contre le cyberharcèlement.
Mes interpellations à la Ministre Glatigny
Je suis cette problématique de près depuis la rentrée 2024 et j'ai interpellé à plusieurs reprises la Ministre de l'Éducation Valérie Glatigny sur la thématique de la gestion raisonnée des écrans dans le cadre scolaire.
En septembre 2024, j'ai interrogé la Ministre sur les modalités de déploiement de cette interdiction. Il était essentiel pour moi, avant l'entrée en vigueur de la mesure d'interdiction, de savoir comment mobiliser les équipes éducatives et garantir l'application de la mesure dans tous les réseaux, pas seulement dans le réseau WBE.
Pour mémoire, la Ministre avait alors adopté une approche nuancée que j'avais saluée : interdiction de l'usage récréatif, mais maintien possible pour des usages pédagogiques encadrés. "Le smartphone ne doit pas être diabolisé, mais le temps d'écran doit être régulé", m'avait-t-elle répondu, précisant que "l'interdiction ne suffit pas" et qu'il fallait aussi travailler sur l'éducation au numérique.
En octobre dernier, j'ai souhaité élargir ma réflexion en adressant une question écrite sur les écrans en général, notamment en maternelle : tableaux interactifs, télévisions et autres dispositifs numériques à usage pédagogique. Mon inquiétude portait sur les effets d'une exposition précoce chez les moins de 6 ans : troubles de l'attention, du langage, du sommeil, de la santé mentale.
J'ai demandé à la Ministre s'il existait des recommandations officielles, si elle envisageait des restrictions en maternelle, et quel accompagnement était prévu pour les enseignants.
La Ministre m'a répondu que la FWB s'appuie sur les recommandations de Yapaka et les travaux du psychiatre Serge Tisseron pour un usage "progressif et accompagné" des écrans. Pas d'interdiction formelle en maternelle pour l'instant, mais une réflexion approfondie en cours, menée en concertation et à la lumière des données scientifiques. L'objectif affiché : un "numérique réfléchi et humain", levier d'apprentissage plutôt que source de déséquilibre.
Mercredi dernier, le 5 novembre 2025, je suis revenue en séance plénière du Parlement sur l'usage raisonné des outils numériques à l'école, via une question d'actualité. Je me suis appuyée sur un article récent de La Libre Belgique qui révèle que la France réintroduit davantage les manuels papier pour contrer les effets négatifs des écrans sur l'apprentissage. A nouveau, la Ministre a rappelé qu'il ne fallait pas opposer papier et numérique, mais bien construire un usage raisonné qui combine les différents outils, tout en veillant aussi à ce que les enseignants puissent bénéficier de formations actualisées (education au numérique, IA, etc.) sur le thème du numérique.
Le débat ne fait que commencer
Si l'interdiction des smartphones livre des résultats encourageants, la question de l'usage global du numérique en classe reste d'actualité. L'exemple français montre que d'autres pays s'interrogent également sur le "tout numérique" à l'école.
Pour moi, le défi est clair : nous devons profiter des opportunités du numérique tout en préservant les conditions optimales d'apprentissage et le développement harmonieux de nos enfants. C'est un équilibre délicat, qui doit être recherché activement et placé au cœur des préoccupations gouvernementales.
Les premiers résultats sur les smartphones abondent dans le sens de l'interdiction que nous avons décrétée. Continuons sur cette voie avec vigilance et discernement.
